Depuis quelques années, les espaces de coworking connaissent un engouement sans précédent. Leur succès transforme le paysage du marché immobilier commercial, avec des conséquences majeures pour les acteurs traditionnels. Comment expliquer cette tendance et quelles sont ses implications ?
Les espaces de coworking, une réponse aux nouvelles attentes des travailleurs
Avec l’émergence du numérique et la démocratisation du télétravail, les travailleurs ont vu leurs besoins évoluer. Le coworking constitue ainsi une solution alternative aux bureaux traditionnels, offrant davantage de souplesse et d’interactions sociales. Les freelances, entrepreneurs ou salariés en quête de flexibilité y trouvent un cadre propice à la collaboration et à la créativité.
Dans ces espaces partagés, les utilisateurs bénéficient d’un environnement professionnel équipé et adapté à leurs besoins : connexion internet haut débit, salles de réunion, imprimantes… Le tout dans des lieux conçus pour favoriser les échanges entre professionnels issus de différents horizons.
Une croissance fulgurante qui bouleverse le marché immobilier commercial
Selon une étude du cabinet JLL, le marché du coworking en France a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Entre 2013 et 2018, le nombre d’espaces de coworking a ainsi été multiplié par six. Ce phénomène ne se limite pas à l’Hexagone : selon l’International Workplace Group (IWG), près de 70 % des entreprises mondiales utilisent des espaces de coworking.
Face à cette demande croissante, les propriétaires d’immeubles de bureaux sont contraints de s’adapter. Les grands acteurs du marché immobilier commercial, comme WeWork ou Regus, voient dans le coworking une opportunité de diversification et investissent massivement dans la création d’espaces dédiés. Les bâtiments traditionnels se transforment donc en lieux hybrides, mixant bureaux classiques et espaces partagés.
Un impact sur les prix et les modes de contractualisation
Cette mutation du marché immobilier commercial implique également une évolution des pratiques contractuelles. Ainsi, les baux commerciaux classiques, généralement signés pour une durée minimale de trois ans, sont progressivement remplacés par des contrats plus souples, adaptés aux besoins fluctuants des utilisateurs. Les tarifs pratiqués varient en fonction des services proposés et de la localisation des espaces.
Les espaces de coworking ont également un impact sur les prix du marché immobilier commercial. Selon une étude réalisée par CBRE en 2019, la croissance du coworking a contribué à une hausse des loyers dans les principales villes européennes et américaines. Toutefois, cette hausse est tempérée par l’émergence d’une offre alternative à moindre coût pour les travailleurs indépendants et les petites entreprises.
L’avenir du coworking : vers une démocratisation et une spécialisation
Le succès des espaces de coworking ne semble pas près de s’essouffler. Selon les prévisions du cabinet JLL, la part de marché du coworking devrait atteindre 30 % en Europe d’ici 2030. Les acteurs historiques du marché immobilier commercial sont donc incités à intégrer cette tendance dans leur stratégie de développement.
Par ailleurs, le secteur du coworking se diversifie et se spécialise. Ainsi, on observe l’apparition d’espaces dédiés à des secteurs spécifiques (technologie, santé, finance…) ou à des populations particulières (femmes entrepreneures, travailleurs sociaux…). Cette tendance devrait se poursuivre et permettre une meilleure adaptation aux besoins des utilisateurs.
Un enjeu majeur pour les acteurs du marché immobilier commercial
Face à cette révolution, les acteurs traditionnels du marché immobilier commercial doivent repenser leur offre et leurs modes de contractualisation. Les bailleurs sont ainsi incités à proposer davantage de flexibilité et à intégrer des services complémentaires (conciergerie, restauration…).
Cependant, certains défis restent à relever. La crise sanitaire liée au Covid-19 a notamment mis en lumière la nécessité d’adapter les espaces de travail aux nouvelles normes sanitaires et aux exigences environnementales. Les acteurs du marché immobilier commercial auront donc fort à faire pour tirer leur épingle du jeu dans un contexte en pleine mutation.